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Les navettes autonomes puissance 4 deviennent réalité

A compter du 10 mars 2025, la société beti™ va réaliser une première européenne avec l’exploitation en service commercial, sur routes ouvertes, de deux « véhicules automatisés » niveau L4 sur le parc d’activités de Rovaltain (Drôme).

Au sein de la galaxie du transporteur Berolami, beti™ est la société spécialisée dans l’exploitation de navettes automatisées. Les premières expérimentations ont été initiées dès le mois de novembre 2018 en zone rurale avant de tester en 2019 ces véhicules (automatisation niveau L4) dans la station de sports d’hiver de Val Thorens.

Désormais, la société beti™ entend passer à un service commercial pérenne sur un parcours de 3.3 km réalisé en deux boucles desservant différents parcs de stationnement autour de la gare Valence TGV, différents pôles de bureaux et des lieux de vie pour les personnels travaillant dans le parc d’activité Rovaltain (dont le restaurant inter-entreprises). L’ouverture, le 10 mars 2025, de navettes publiques sur la zone d’activités de Rovaltain serait une première européenne.

A partir de juillet 2025, les amplitudes horaires du service seront étendues et il n’y aura plus d’opérateur de sécurité à bord. La Macif, WeRide, et Renault Groupe sont également impliquées. La Macif sera directement bénéficiaire du service puisqu’un de ses établissements sis sur la zone d’activité de Rovaltain profitera de la desserte. La société d’assurances est également présente dans le capital de beti™ via un de ses fonds d’investissements.

Des véhicules chinois en attendant un Renault Master E-Tech sans pilote

La société chinoise WeRide agit en qualité de développeur et fournisseur des véhicules électriques équipés de ses logiciels et moyens de pilotage. Le quatrième acteur est Renault Group. Le constructeur a noué des accords avec WeRide dès le printemps 2024. Patrick Vergelas, responsable des projets de mobilité autonome de Renault Group, ne fait pas mystère lors de la conférence de presse donnée le 27 février 2025 de développements d’un véhicule de transport public d’une capacité de 20 à 22 places sur base Renault Master E-Tech.

Nous pouvons estimer cette production, confiée au spécialiste des petites séries PVI, filiale de la division véhicules utilitaires de Renault Group, à 2026. La présence du français est également jugée indispensable par Benjamin Beaudet P-DG de beti™ pour des raisons de souveraineté et de protection de données. Un point essentiel pour certains contrats futurs devant desservir des sites dits « sensibles ». Renault Group ayant ses serveurs domiciliés en France.

WeRide en force pour l’inauguration

Les passagers (au nombre de 8 maximum) devront être assis et attacher leurs ceintures de sécurité. Pour beti™, on passe de la supervision à l’hypervision : désormais les aspects de surveillance et de relation clientèle, précédemment dévolus à une présence à bord, seront désormais assurés à distance depuis le siège social de beti™ à Saint-Donat-sur-l’Herbasse (Drôme). Ce qui pose également la question de la qualité de la couverture radio pour éviter des temps de latence trop longs. Benjamin Beaudet évoque ici le rôle discret, mais important, de prestataires comme Orange ou Koesio.

La seconde innovation est que ce service a vocation à être pérenne, même s’il est l’œuvre d’initiatives privées. Pour l’entreprise drômoise, il y a aussi un changement : exit les véhicules français Easymile ou Navya. WeRide fournit ici deux navettes basées sur des véhicules Yutong (vus lors de la FIAA Madrid 2024). WeRide les a équipées de tous les systèmes de détection de l’environnement (radars, lidars et caméras) et de ses logiciels pour le traitement de signaux, la fusion des données et le pilotage. Très prochainement, Yutong devrait réaliser ces véhicules pour WeRide avec un équipement départ usine ce qui réduira les coûts et délais.

Pour cette inauguration, la délégation de WeRide comprenait Jennifer Li, directrice financière et responsables des activités internationales du groupe ainsi que Zaki Abiza, directeur du développement commercial WeRide pour l’Europe. Pour Jennifer Li, la France devient ainsi le 5ème pays à faire circuler des véhicules de la marque en niveau L4. Benjamin Beaudet a précisé à TRM24 que la coopération continue avec Navya. Il s’interroge davantage sur le sort de Easymile, placée en procédure de sauvegarde depuis septembre 2024. L’occasion de rappeler que, lors d’un entretien précédent, il révéla être très impressionné par les progrès réalisés en Chine ou aux Etats-Unis d’Amérique sur ces véhicules niveau L4 voire L5. Il a évoqué lors de la conférence de presse que Jennifer Li a une méthode axée sur le cas d’usage plutôt que sur une culture d’ingénieurs.

L’enjeu du cas d’usage

Cette approche plaît à celui qui croit aux « véhicules automatisés » appliqués à la desserte des zones rurales, pour lesquelles des services de lignes régulières seraient trop coûteux. Benjamin Beaudet planifie déjà près d’une trentaine de visites de délégations d’élus et d’autorités organisatrices sur le site de Rovaltain. La France, partie tôt, semble prendre du retard, faute de moyens dans les entreprises développant ces navettes autonomes. Il est également impressionné par le fait que ces nouvelles générations de véhicules soient capables de circuler à 40km/h (contre 18km/h pour les modèles testés précédemment). « Cette nouvelle génération vient sur le marché avec une vraie solution de gestion dynamique des événements qui peut effectuer des dépassements, ce qui permet d’éviter les arrêts systématiques face aux imprévus » précise-t-il.  Dans les faits, un tour effectué à bord ne donne pas cette impression de lenteur ou d’hésitations qui prévalait jusqu’à lors. TRM24 aura l’occasion de revenir prochainement, et plus en détail, sur les développements autour des véhicules automatisés et autonomes que ce soit en marchandises comme en voyageurs.