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Ministres et ex-ministres se bousculent au Congrès 2025 de la FNTV

Il y avait foule pour le Congrès 2025 de la FNTV hier à Paris : Philippe Tabarot, ministre des Transports a pu faire le déplacement, mais il n’était pas seul. Clément Beaune, Dominique Bussereau ou François Durovray ont pris la parole.

Un véritable Conseil des ministres

L’ordre du jour était presqu’aussi dense qu’un Conseil des ministres lors de ce Congrès de la FNTV qui s’est tenu Maison de la Chimie à Paris ce mercredi 15 octobre 2025. Avec une certaine dérision, liée aux circonstances politiques présentes, Philippe Tabarot a ouvert son allocution en rappelant que, pour la première fois depuis 1988, un ministère des Transports de plein exercice avait enfin été reconnu par le pouvoir exécutif. Il a appelé à une forme de paix sociale et sociétale en France : « nous ne devons pas monter les modes de transports les uns contre les autres ».

Le Plan Joana a été longuement évoqué : « depuis janvier [2025 NDRL] nous menons un grand chantier, à savoir les actions de sécurité pour le transport scolaire (…) J’ai accéléré la mise au point des stupotests (…) » a-t-il exhorté. Il accorde un satisfecit pour l’action conduite par les exécutifs successifs en faveur de la résolution de la pénurie de conducteurs routiers, notamment via des plans de formation, ou bien la possibilité de conduire avec les résultats de diplômes sans attendre le permis de conduire délivré par l’ANTS « preuve que la simplification peut être possible dans notre pays » conclut-il.

Toutefois, sur le sujet de la sécurité, Edouard Hénaut, directeur général France de Transdev, ramenait l’auditoire à la réalité l’après-midi même : « les tests aux stupéfiants nécessitent de modifier les règlements intérieurs des entreprises. Cela représente 1 million d’euros annuel pour le groupe Transdev sur la base de deux tests par conducteur. » Il s’inquiète de la banalisation dans la société de la consommation des stupéfiants : « c’est une déferlante qui est face à nous, il faut en être conscient ». Un potentiel casse-tête pour des entreprises devant appliquer la « tolérance zéro ». Edouard Hénaut prévient : « on a un sujet : la traçabilité dans le cadre des requêtes SNEAS[1] préalables à l’embauche. » Si les entreprises devaient ne pas recruter, ou licencier systématiquement pour faute grave les salariés dépistés positifs, « on va être confrontés à une nouvelle pénurie de conducteurs d’ici 3 à 5 ans ».

Clément Beaune, actuel Haut-commissaire à la stratégie et au plan et ancien ministre délégué aux transports

Menaces fiscales et transition énergétique monophasée

Pour défendre la transition énergétique telle que vue par le Pacte Vert européen, la FNTV avait fait venir nombre de figures politiques ou institutionnelles, de Clément Beaune -actuel Haut-commissaire à la stratégie et au plan et ancien ministre délégué aux transports- à Karima Delli -élue du Conseil régional des Hauts de France et ancienne membre de la commission transports au Parlement européen-.

Clément Beaune a insisté devant l’auditoire composé de chefs d’entreprises et d’élus d’Autorités organisatrices de transports : « l’Europe n’est pas seulement des normes mais aussi des budgets qu’il faut identifier et saisir ». Karima Delli fait du Green Deal un aboutissement : « c’est une transformation sociale » clame-t-elle. Cela laisse froid les opérateurs. Jean-Baptiste Maisonneuve, Président des autocars Maisonneuve se désole rappelant que le tout électrique n’est pas exploitable en zones rurales, notamment pour des problèmes d’infrastructures de recharge. « le bioGNV fonctionne (…) je trouve dommage que les sommes investies [par les entreprises dans le bioGNV NDLR] soient balayées d’un revers de main ».

La notion de souveraineté, et les enjeux d’industrialisation associés, ont été rappelés plus d’une fois par différents intervenants dont Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. « Jusqu’il y a peu, et encore aujourd’hui, l’autocar interurbain électrique, c’est encore principalement des véhicules chinois » a résumé Jean-Baptiste Maisonneuve qui rappelle au passage que, « tous ceux qui sont allés à Busworld ont dit que c’était « le salon de l’autocar chinois ». Clément Beaune évoque la « neutralité technologique » des démarches françaises et européennes en matière de décarbonation, mais il est démenti par Fabrice Pannekoucke, président de la région Auvergne Rhône-Alpes : « je déplore les positions du gouvernement prises ces derniers mois hostiles à l’hydrogène mobilité. Il est impératif de pouvoir retravailler dessus. »

Hélas pour les tenants d’une décarbonation reposant sur un panel énergétique, Philippe Tabarot a rappelé que le projet de loi de finances 2026 envisageait toujours une révision de la fiscalité sur les biocarburants. Dominique Bussereau, président de la conférence Ambition France Transports, également ancien secrétaire d’État aux transports, ne va pas davantage rassurer l’auditoire : « peut-être faut-il revenir à une certaine forme d’écotaxe ». Prenant exemple sur la LKW Maut allemande, ou sur les taxes régionales de la Communauté européenne d’Alsace ou de la région Grand Est, il prophétise : « on aura dans les années à venir un certain nombre de taxes sur les poids-lourds ». De quoi irriter Guy Nègre, président du GART[2] : « où va l’argent ? Où sont passés les 60 milliards de taxes et recettes prélevées annuellement sur les transports ? (…) Je demande que la mobilité paye la mobilité ».

[1] SNEAS Service national des enquêtes administratives de sécurité, rattaché au Ministère de l’Intérieur.

[2] GART Groupement des autorités organisatrices de la mobilité

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