Dans les prix des matières premières, il y a une grande part d’enjeux géopolitiques. On l’a vu avec le lithium ou le nickel, on le voit de nouveau avec l’or noir. Le dernier Tableau de bord des marché pétroliers publié début juin 2025 par l’IFP Énergies nouvelles en témoigne.
Jérôme Sabathier, chef du département Économie et évaluation environnementale à l’IFP Énergies nouvelles, fait état début juin 2025 d’une réunion de l’OPEP+ décidant d’une hausse de production de 411 000 barils/jour à compter de juillet. Selon lui, il s’agit d’une « décision qui devrait accentuer l’excédent d’offre attendu pour 2025 et 2026 et renforcer ainsi la pression baissière sur les prix ».
L’idée de l’OPEP+ est de rendre l’exploitation de pétrole de schiste (la fameuse fracturation hydraulique) américaine non rentable. « En moyenne hebdomadaire, le Brent pour livraison en juillet a baissé de 0.7$/b (-1%) à 64.4$/baril. » L’indice américain WTI est encore plus bas, anticipé à 61.1$/b.
Révisions techniques au sein de l’OPEP+
Selon le spécialiste de l’IFPEN, les membres de l’OPEP+ « se sont mis d’accord pour mettre en place un nouveau mécanisme d’évaluation de la capacité de production maximale de chaque pays. Ce nouvel outil servira de base pour la révision des quotas en 2027, avec pour objectif de mieux refléter les réalités techniques et les investissements des membres, tout en prévenant des écarts persistants entre les engagements et les productions effectives ». Pour l’OPEP+, il s’agit de resserrer les rangs et de rétablir une autodiscipline, notamment de la part de l’Angola, de l’Irak et du Kazakhstan.
Aux analystes évoquant un Brent sous les 50$/b, Jérôme Sabathier temporise : « la réalité pourrait être plus nuancée ». Cet accroissement de production est théorique, et il rappelle que les pays du Golfe Arabo-Persique auto-consomment en été une partie de leur production pour leurs besoins (production d’électricité, usines de dessalement d’eau de mer). Il rappelle surtout les tensions géopolitiques internationales qui contribuent à « soutenir les prix du pétrole ».
Des stocks très bas aux USA et en Europe
Autre facteur justifiant la prudence de l’analyse de l’IFPEN : une baisse des stocks de pétrole brut aux USA, et des stocks de produits raffinés en Europe. Ceci pourrait susciter une plus grande sensibilité aux aléas géopolitiques. La baisse des stocks aux USA (inférieure de 6% à la moyenne des cinq dernières années) s’explique par la hausse des exportations (plus 800 000 barils/jour) tandis que la production reste stable (à 13.4 Mb/j). Cette baisse des stocks se vérifie aussi sur les essences. Un phénomène qui touche également l’Europe. « Les stocks de produits pétroliers du hub Amsterdam-Rotterdam-Anvers ont reculé de 1.5% la semaine dernière [fin mai 2025] atteignant leur plus bas niveau depuis février ».
La baisse est particulièrement marquée sur le gazole (à -8.9%). Pour ce produit, le décalage avec la même période de 2024 atteint les -11%. En ces temps de prix du brut bas, les sociétés pétrolières préservent les marges de raffinage, « nettement au-dessus de sa moyenne quinquennale, avec un niveau supérieur de plus de 22% ».
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