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Ambition France Transports : France Mobilité Biogaz dénonce une « présentation orientée des solutions de décarbonation »

Suite à la parution du livret de diagnostic de l’atelier n° 4 de la conférence Ambition France Transports dédié à la décarbonation du transport de marchandises, l’association France Mobilité Biogaz a rédigé un droit de réponse. Elle dénonce une présentation orientée des carburants durables « sans prise en compte des données scientifiques les plus récentes ».

Droit de réponse

France Mobilité Biogaz a dû rédiger un droit de réponse afin de revenir « point par point aux inexactitudes relevées » dans la page 18 du livret de diagnostic de l’atelier n° 4 de la conférence Ambition France Transports. Ce droit de réponse a été transmis aux copilotes de l’atelier (le député Gérard Leseul, la sénatrice Marie-Claire Carrère-Gée, Corinne Blanquart, directrice de la Chaire économie circulaire et métabolisme urbain de l’Université Gustave Eiffel) ainsi qu’aux fédérations de transport participantes.

L’association souhaite « une lecture plus équilibrée, fondée sur des faits », en ce qui concerne les options de décarbonation des transports routiers. Est en cause la présentation, dans les Annexes du document, des poids lourds électriques comme « la technologie la plus vertueuse sur le plan environnemental ». « Le BioGNV, et les carburants liquides bas carbone sont présentés de manière défavorablement orientée, voire erronée, sans référence aux dernières données scientifiques disponibles. À l’inverse, seuls les éléments favorables à la filière électrique y sont exposés ».

France Mobilité Biogaz affirme que « la présentation actuelle des données, diffusée dans le cadre d’une conférence nationale placée sous l’égide de l’État, porte atteinte à la neutralité attendue d’un tel processus public. »

Peut-être que ces biais ne sont que la traduction de l’état d’esprit qui règne dans les Universités, ministères, et Assemblée nationale ?  Suit une analyse point par point des affirmations mentionnées dans le document.

Du biais cognitif à l’entreprise idéologique

Parmi les éléments justifiant le courroux de France Mobilité Biogaz figurent quelques affirmations telles que : « le GNV/bioGNV est majoritairement fossile (97%) et n’aurait aucune potentiel décarbonant ». L’association relève que ce chiffre correspond à la consommation globale de méthane en France, mais pour le transport routier, « grâce à l’achat de garanties d’origines, la part de bioGNV dans la mobilité gaz en France est de 43% ». L’association rappelle que l’objectif d’incorporation de biométhane dans les réseaux de gaz, fixé par la loi PPE 3 est de 20% dès 2030 et 100% en 2050.

Autre affirmation litigieuse : « pas de gain significatif sur la qualité de l’air ». France Mobilité Biogaz rappelle que ces véhicules au GNV ont de très faibles émissions d’oxydes d’azote et de particules, justifiant leur classement en Crit’Air 1. Elle rappelle que « plus de la moitié des émissions de particules fines des véhicules routiers récents [comprendre Euro VI NDLR] ne proviennent plus de l’échappement » (source ADEME). Celles-ci, « proviennent de l’abrasion des freins, des pneumatiques et des chaussées, particules que l’on retrouve sur toutes les motorisations, y compris électriques. »

Plus grave, France Mobilité Biogaz rappelle qu’une campagne d’évaluation des émissions de polluants locaux, financée par la DGEC, opérée par l’IFP Énergies nouvelles et suivie par l’ADEME ayant pour objet d’apporter « un éclairage objectif et scientifique sur l’impact environnemental des différentes motorisations » a été finalisée « mais reste non publiée depuis février 2025. Dans un contexte de travaux sur le financement des transports en France et plus globalement où les Zones à Faibles Émissions de mobilité suscitent débats et inquiétudes, il est impératif que ces résultats soient rendus publics sans délai »

La souveraineté industrielle en question

Cette page 18 des Annexes affirme péremptoirement que « les poids-lourds électriques possèdent également un avantage en termes de souveraineté par rapport aux autres technologies ». Une affirmation surprenante si l’on garde à l’esprit les travaux du BRGM ou certains rapports commandés par les ministères de la Transition écologique et de l’Industrie sur ce sujet depuis 2022.

France Mobilité Biogaz rappelle que 100% des poids lourds, roulant au GNV immatriculés en France sont produits en Europe. Surtout, leur chaîne de valeur, et composants critiques (chaîne de traction), sont produits en Europe, ce qui n’est pas le cas des cellules composant les batteries de traction des véhicules électriques. Le document éludant le sujet en mentionnant le seul assemblage des véhicules, non l’origine de leurs composants majeurs.

Suit une ultime affirmation qui fait sortir France Mobilité Biogaz de ses gonds : « La faible performance environnementale à cause des fuites de méthane ». Un élément de langage typique d’une « ONG » invitée aux travaux, formellement démenti par l’association. Elle rappelle qu’en France, « les émissions de méthane de l’ensemble de la chaine gazière sont prises en compte dans les facteurs d’émissions du gaz de réseau et du bioGNV de la base Empreinte de l’ADEME. Ces facteurs d’émissions sont issus d’études réalisées selon la série des normes ISO 14040 (…) Elles ont ensuite été soumises au Comité de Gouvernance de la Base Empreinte ADEME avant intégration des éléments à cette base de données ».

Est-ce un hasard ? France Mobilité Biogaz note que seules des associations de la mobilité électrique ont été conviées aux ateliers, « quand les associations des solutions de mobilités durables en sont exclues ».