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Contrôle technique des VUL : des chiffres inquiétants

En France 21.21 % des véhicules circulant, soit 4 325 410 véhicules sur 20 394 196 contrôles techniques annuels, sont soumis à une contre-visite à l’issue du contrôle technique périodique. Ces véhicules présentent des défaillances qui impactent directement la sécurité des usagers de la route et l’environnement. Les chiffres sont inquiétants pour les VUL.

Depuis mai 2018 et l’application de la dernière directive Européenne sur le contrôle technique, les 652 défaillances se classent en 3 niveaux :

– Mineure (164 défaillances) : Le véhicule peut rouler, il doit être réparé sans obligation de passer une contre-visite.

– Majeure (359 défaillances) : Le véhicule peut rouler, il doit être réparé et doit passer une contre-visite car il présente un danger possible pour la sécurité ou l’environnement.

– Critique (129 défaillances) : Le véhicule ne peut plus rouler à partir de minuit le jour du contrôle. Le véhicule présente un danger immédiat sur la sécurité et l’environnement. Ce niveau critique concerne près de 38 000 véhicules circulant sur les routes avec principalement des défaillances sur les pneumatiques, le frein de stationnement (efficacité inférieure à 50%) et un non-fonctionnement des feux stop.

Pour les véhicules utilitaires légers, le bilan 2020 du contrôle technique n’est pas flatteur puisque 50% d’entre eux ne passe pas le contrôle complémentaire pollution. C’est le constat de l’organisme technique central (OTC) en charge de la collecte et du traitement des informations statistiques du contrôle technique qui a publié le bilan d’activité pour l’année 2020. Une fois n’est pas coutume, les chiffres du contrôle technique des véhicules utilitaires légers (VUL) sont particulièrement préoccupants. Près de la moitié des VUL ayant effectué leur contrôle technique réglementaire en 2019 n’ont pas effectué leur contrôle pollution en 2020, s’exonérant ainsi de leurs obligations réglementaires.

Le phénomène d’évitement du contrôle technique est particulièrement marqué en 2020 en ce qui concerne le contrôle pollution des VUL. Conformément à la réglementation en vigueur, les véhicules utilitaires sont soumis à un contrôle technique réglementaire tous les deux ans et, en complément, à un contrôle anti-pollution entre ces deux contrôles.

Alors qu’ils ont été près de 2,5 millions de VUL à passer leur contrôle technique réglementaire en 2019, ils ont été à peine plus de la moitié à passer leur contrôle complémentaire pollution en 2020 (1 245 880 contrôles pollution). Cette tendance se confirme d’année en année : en 2020, le nombre de contrôles anti-pollution réalisés est en baisse de 21,4 % par rapport à 2019.

L’état du parc des VUL se dégrade

Le parc de véhicules utilitaires nécessite un entretien très régulier, lié à son usage intensif (amplitude quotidienne, fort kilométrage, conditions extérieures sur chantier, surcharge, changement fréquent de conducteur, etc.). Les taux de contre-visite en témoignent : les véhicules utilitaires de moins de 4 ans ont un taux de contre-visite de 10,48 % (dont 0,41% en critique) quand les véhicules particuliers sont à 4,28 %. Entre 4 et 7 ans, le taux atteint déjà 14,29% (dont 0,37% en critique) contre 7,23% pour les VP. De 7 à 10 ans, le taux de CV culmine à 18,75% (dont 0,75% en critique) et s’envole pour les de 10 ans à 28,31% (dont 1,68% en critique).

Le parc dédié au transport routier de marchandises a fortement évolué ces dernières années avec une part grandissante des livraisons effectuées par les véhicules utilitaires légers pour assurer les derniers kilomètres dans les centres villes. Ce parc de VUL constitue aujourd’hui une source de précarité et de danger s’il n’est pas entretenu de façon régulière. En effet, ces véhicules ne sont pas soumis à l’utilisation de chronotachygraphe, s’exemptent de plus en plus de leur contrôle pollution complémentaire et ne répondent pas aux obligations de formation au métier de conducteur.

Fort kilométrage, entretien minimum, conducteurs multiples

L’usage extrême de ces véhicules (fort kilométrage, entretien minimum, conducteurs multiples etc.) et le mouvement grandissant d’évitement du contrôle pollution justifient une adaptation de leur calendrier de contrôle. Le CNPA propose ainsi d’aligner le calendrier de contrôle technique des véhicules utilitaires légers sur celui des Poids Lourds, à savoir 2/1/1, afin d’améliorer la sécurité routière, de réduire les émissions polluantes et d’allonger la durée de vie de ces véhicules. Il s’agit, selon l’organisation professionnelle, d’un enjeu majeur dans un contexte de mise en place progressive des Zones à faibles émissions, qui ont vocation à préserver la qualité de l’air dans les centres villes en luttant contre les émissions polluantes issues du secteur du transport de personnes et de marchandises.