Le transport de pièces de musées est toujours un événement. Si c’est déjà « sensible » pour les oeuvres d’art, cela l’est plus encore lorsqu’il s’agit … de sous-marins ! Ce fut le cas au cœur de l’été 2024 entre les musées techniques de Spire et de Sinsheim (tous deux en Allemagne Fédérale). Le colis est une des attractions du musée technique de Spire, le sous-marin U17 réformé de l’armée fédérale allemande. Aux commandes de ce transport hors norme : TII Scheuerle.
En fait, le sous-marin était en transit : ThyssenKrupp Marine Systems n’avait pu mener dans ses chantiers de Kiel (Schleswig-Holstein) la démilitarisation complète du sous-marin mis en service au cours des années 1960. C’est donc à Spire (Rhénanie-Palatinat) que celui-ci a été débarrassé de ses batteries et systèmes de ballasts avant qu’il puisse rejoindre le musée naval de Sinsheim (Bade-Wurtemberg).
Le convoi s’est déroulé en trois temps : une première étape terrestre pour l’acheminer du musée au Rhin où l’attendait une barge fluviale de 66 mètres de long pour 11.5 m de large. Le poids de l’ensemble représentait 500 tonnes et il a fallu veiller scrupuleusement à l’équilibre de celui-ci lors de l’embarquement et du débarquement fluvial.
TII Scheuerle ne manque pas de vanter ici la course de débattement de 650 mm de son ensemble modulaire InterCombi, assurément utile lors de cette phase pour assurer une assiette aussi horizontale que possible. Le transbordement a exigé 3 heures de travail à lui seul. Le convoi poussé a ensuite descendu le Rhin jusqu’à Mannheim avant de remonter la Neckar jusqu’à Haßmersheim.
Là, les équipes de Kübler Transport, Fischer Kran Transporter, Van des Wees (pour le levage), et des musées techniques de Spire et Sinsheim, ont dû surélever le U17 de 1.4 m avec huit vérins hydrauliques pour que les 30 lignes d’essieux Scheuerle InterCombi puissent passer sous le sous-marin en vue de son débarquement. Le parcours routier était tout sauf une promenade de santé en raison de la déclivité et de divers obstacles sur le parcours : convoyeur à ciment, lignes à haute-tension, passages à niveau ferroviaires, traversées de villages.
Les caractéristiques du colis, et tout particulièrement la saillie de son kiosque n’aidaient pas. La parade a consisté à incliner le navire à 70° sur le côté grâce à des berces à actionnement hydraulique. L’ensemble représentait sur la route une longueur de 90 mètres pour 10 mètres de haut. Le plateau était ici à 1190 mm en position de roulage et était en configuration tiré-poussé grâce à deux tracteurs MAN de la société Kübler. Un trajet qui a duré 4 semaines au cœur de l’été, d’où un grand nombre de spectateurs pour assister à son passage.
pastre@trm24.fr
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