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Le sort de SAFRA scellé ce 20 mai ?

La société Safra, qui a été placée en procédure de redressement judiciaire le 4 février 2025, verra son sort scellé ce mardi 20 mai par le Tribunal de Commerce d’Albi (Tarn).

De reports en surprises

Le dossier de la reprise de Safra se complexifie. La société, placée en redressement judiciaire le 4 février 2025, attendait une décision du Tribunal de Commerce d’Albi le 13 mai. Cette date étant, elle-même, un report d’audience consécutif à l’annonce en dernière minute d’un candidat repreneur potentiel : le groupe chinois Hubai Wanrun New Energy, connu sous la marque Wanrun.

Ce repreneur possible est présenté comme le principal espoir par Vincent Lemaire, actuel P-DG de Safra qui défend bec et ongles le projet d’autobus à hydrogène HyCIty pour lequel des appels d’offres ont déjà été remportés.

Mais ce projet a pris du retard, et certains acteurs importants de celui-ci ont quitté l’entreprise au cours du printemps 2024. Sans qu’il soit cité nommément dans les communiqués de Safra, l’investisseur chinois serait en discussions avec la direction de l’entreprise depuis le dernier trimestre 2024. Cette longue durée associée à un dépôt de dossier en dernière minute, le 9 mai 2025, interroge.

Finalement, le Tribunal de Commerce a mis sa décision en délibéré jusqu’au 20 mai prochain.

Une affaire politique

Jusqu’à présent, seuls les syndicats des salariés se sont impliqués dans ce dossier. La CGT, syndicat majoritaire, et sa délégation du Tarn souhaitent un recentrage de l’entreprise sur ce qui fut son activité historique : la rénovation et reconditionnement de véhicules de transports publics (métros, tramways, autobus).

L’affaire prend une tournure plus politique ce jeudi 15 mai 2025 avec la publication d’un communiqué de presse officiel de la part du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) d’Occitanie : « Au moment où le Gouvernement en appelle à la souveraineté industrielle et veut renforcer les territoires d’industrie, préoccupation largement partagée par les acteurs économiques et sociaux, une nouvelle erreur se profile à Albi si le tribunal de commerce faisait le choix du Groupe asiatique qui a proposé une promesse de reprise de 120 salariés sur 174 avec toutes les activités et s’engageant à apporter 40 millions d’investissement dans les années à venir. »

L’inquiétude du CESER tient au fait que « la fonderie SAM en Aveyron reprise par le groupe chinois Jinjiang a connu les mêmes promesses (30 millions) qui ne se sont jamais réalisées. La fonderie a fermé. (…) Il est aussi de la responsabilité de toutes les collectivités et de tous les acteurs économiques et sociaux de rester mobiliser pour défendre des solutions industrielles françaises avec un solide ancrage territorial. »

Dès le 18 mars 2025, Karen Erodi, Députée de la 2ème circonscription du Tarn, posait une question au Gouvernement sur ce dossier. L’inquiétude du CESER pourrait être accentuée par le fait que l’administrateur judiciaire du dossier SAM fut le même que celui en charge du dossier Safra.

Quelles alternatives pour Safra ?

La Safra a reçu un contrat pour une vingtaine d’autocars Mercedes-Benz Intouro convertis à la pile à hydrogène de la part de la région Occitanie. Cette activité de reconditionnement ferait partie des offres des deux repreneurs français encore en lice, également intéressés par la rénovation des matériels de transport publics. Parmi les candidats, certaines sources mentionnent le groupe CBM. Or celui-ci est déjà actif dans le domaine de la conversion des véhicules via Retrofleet. Cette concurrence potentielle peut surprendre.

De plus, le marché de la conversion d’autocars demeure incertain ; preuve en est la mise en vente par la société caladoise GreenMot de son activité de rétrofit d’autocars via un cabinet spécialisé depuis mars 2025. Malgré nos nombreuses sollicitations, ni la direction, ni le service communication de Safra n’ont répondu aux questions de TRM24.