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Energie & Climat : les objectifs PPE 3 difficiles à atteindre

L’UFIP Énergies et Mobilités (qui regroupe producteurs de produits pétroliers et les distributeurs d’énergies) a tenu sa conférence de presse annuelle. Si elle affirme qu’elle s’adaptera à la transition énergétique, le rythme de celle-ci interroge.

Olivier Gantois, président de l’UFIP Énergies et Mobilités, a, chiffres à l’appui, montré que la transition énergétique était bien en marche (baisse de -1% de consommation de produits pétroliers pour le transport routier). Mais celle-ci ne permettrait pas d’atteindre les objectifs de la Stratégie Française Énergie et Climat (le projet de Plan pluriannuel de l’énergie PPE-3 fixant un objectif à -6% chaque année).

La contraction des volumes consommés de gazole étant claire (-3.4% vs 2023) mais elle est partiellement compensée par la remontée des supercarburants comme le SP95E10 (+7.1%). Au cumul, la consommation de carburants routiers chute de -0.4% par rapport à 2023. L’UFIP EM note que la production française de pétrole brut, à 548 000 tonnes, est également en baisse. Fait intéressant, la consommation de produits pétroliers en France se stabilise tout en étant décorrélée du PIB[1]. Les accises et taxes (hors TVA) sur les carburants sont estimées à 31 milliards d’euros dans la Loi de finances 2025.

Parallèlement, la contraction du nombre de stations-service se poursuit. Celles-ci seraient 10 806 actives en France en 2024, contre 10 909 en 2023, les réseaux traditionnels (hors supermarchés) étant les plus touchés. L’UFIP EM se fait écho des chiffres AVERE-France recensant 154 694 points de recharge publics sur le territoire. La consommation électrique de ceux-ci aurait représenté 646GWh, les adhérents UFIP EM comptant pour 11,6% de ce total (75GWh). Sur le réseau autoroutier, dont les aires de services seraient toutes équipées, 80% des chargeurs auraient des puissances supérieures ou égales à 150kW.

Un intérim indispensable

Olivier Gantois rappelle : « au vu du rythme constaté de la transition, il va nous falloir plus de temps et il est de plus en plus illusoire d’imaginer se passer du pétrole en 2045 ». Le pétrole à lui seul représente 42% de l’énergie finale consommée en France, et cela grimpe à 97% dans les transports (tous modes confondus, chiffres 2023). Les plans français ambitionnent 80 000 poids-lourds électriques en 2030 (environ 13% du parc), ceux-ci représentent 0.25% du parc en 2024. Toujours pour 2030, il faudrait atteindre 50% des immatriculations de poids-lourds en électrique, fin 2024 celles-ci étaient à 1.4%.

L’ouverture du dispositif CEE[2] au financement des poids-lourds électriques depuis le début d’année 2025 crée un gisement estimé à 66TWhc/an. Peut-être de quoi relever les CEE transport qui ne représentent que 3.7% des aides allouées entre 2022 et 2025.  Olivier Gantois voit son secteur comme une variable d’ajustement s’adaptant au rythme de la transition énergétique : « Il jouera ce rôle quelle que soit la trajectoire réelle de décarbonation, pour équilibrer à tout moment l’offre et la demande, et assurer la sécurité d’approvisionnement en énergies liquides ». Il relève que les biocarburants se déploient, la distribution du HVO étant autorisée en stations depuis juillet 2024.

Les carburant non fossiles à l’échelle industrielle

La filière monte en puissance, comme en témoigne l’ouverture d’un terminal d’approvisionnement européen à Rotterdam (Pays-Bas) par Neste, lequel vise 1.5 million de tonnes/an de HVO fin 2026. La raffinerie Esso de Gravenchon a comme objectif de démarrer en 2025 une unité de co-traitement de biomasse pour produire plus de 160 000t/an de carburants bas carbone (HVO et SAF). TotalEnergies poursuit la production de HVO et SAF à sa raffinerie de La Mède pour 500 000t/an. Le même groupe démarre en 2025 une production de SAF à la raffinerie de Normandie (60 000t/an) et vise à convertir celle de Grandpuits en unité « zéro pétrole » dès la fin 2025 pour produire HVO, SAF et bio-naphta.  La part d’incorporation de biocarburants en France ayant atteint 8.6% sur le gazole et 9.8% pour les essences (objectifs 2024 : 9.2% du PCI[3] gazole et 10% du PCI essences sans plomb).

[1] PIB Produit Intérieur Brut, unité de mesure de production de la richesse nationale (créée dans les frontières)

[2] CEE Certificats d’économies d’énergies

[3] PCI Pouvoir calorifique inférieur