Camions PEM

Découverte TRM24 : DAF XB, un remodelage bien plus profond qu’il en a l’air

Si DAF s’est imposé sur le segment des tracteurs grands routiers ces dernières années grâce au renouvellement spectaculaire de ses gammes hautes XF, XG et XG+ présentés en 2021, il reste à développer les parts de marché sur les camions porteurs et les gammes de tonnages entre 7.5t et 19 tonnes. Cela correspond en l’espèce au « nouveau » DAF XB. Nous l’avons testé à Malaga en Espagne.

Pour séduire les carrossiers, La marque DAF a  spécifiquement conçu des prédispositions, accès électriques et corbeaux adaptés « métiers »  pour faciliter et fiabiliser le travail de montage de carrosserie (voir : https://www.trm24.fr/daf-trucks-france-mise-sur-les-segments-porteurs/ ) . À ce propos, le DAF XB peut, en cabine courte, offrir une longueur carrossable allant jusqu’à 9 mètres ! Quelques astuces, comme le dégagement derrière la cabine débarrassée de la prise d’air moteur verticale contribuent à ce résultat.  La gamme bénéficie également d’un très grand choix de porte-à-faux arrière et d’empattements, ce qui en fait un des « chouchou » des spécialistes de l’aménagement en dépanneuse automobile. Pour les artisans ou les fournitures en bâtiment, la variante XBC avec pare-chocs adaptés (offrant un angle d’attaque de 25°), essieux renforcés et garde au sol rehaussée (+255 mm) sera certainement apprécié.

L’IAA 2024 a été l’occasion de présenter des évolutions techniques intéressantes. En apparence, on peut croire à un remodelage superficiel du DAF LF bien connu depuis 2005. Certes, le DAF XB conserve les emboutis et blanc de caisse et partage les mêmes lignes d’assemblage à Leyland (Royaume-Uni) que le LF. Les moteurs demeurent issus des développements communs entre DAF et Cummins déclinés en variantes 4 cylindres (alias DAF Paccar PX-5) et 6 cylindres (Appelé DAF Paccar PX-7).  Les PX-5 de 4.5 litres couvrent les puissances de 169ch (700Nm de couple) jusqu’à 210ch (800Nm de couple) tandis que les PX-7 de 6.7 litres vont de 227ch (900Nm de couple) jusqu’à 308ch (1200Nm de couple). La double échéance, réglementaire avec GSR-II, et commerciale pour harmoniser la gamme DAF, fut l’occasion d’une remise à niveau.

Sur le plan télématique, GSR-II fut l’occasion de bénéficier de tout le portefeuille de services Paccar Connect™ via une tablette optionnelle pouvant être fixée sur la planche de bord. Son intégration est, vu l’âge de la cabine, moins soignée qu’à bord des plus récentes cabines DAF XD et XF. Le changement le plus remarquable est l’apparition de la boîte ZF PowerLine 8 rapports. Elle vient compléter l’offre existante comprenant boîtes manuelles à 6 (montage de série) ou 9 rapports et automatique à convertisseur Allison Transmission Série 3000. Deux boîtes automatiques à convertisseur au catalogue des options, n’est-ce pas trop ? Pour DAF la réponse est non : la ZF est destinée aux usages routiers et urbains classiques (distribution) tandis que l’Allison demeure dédiée aux usages sévères (BOM[1], services d’incendies et de secours). La seconde peut associer deux options de prises de force (à 11h00 ou à 2h00) et la possibilité de bénéficier d’un ralentisseur hydraulique intégré. Ce point nous amène à la seule vraie critique du DAF XB : il n’est pas prévu de montage ou de prédisposition de Telma sur ce modèle lorsqu’il est en boîte manuelle ou automatique ZF PowerLine. Certes, sur la route, le bouton de volet sur l’échappement situé sur la console au plancher, déclenche simultanément le rétrogradage de la boîte de vitesses ce qui améliore sensiblement la retenue. Mais pour les cas les plus sévères, que ce soit en tonnages ou en déclivités, cela paraîtra « léger » et n’évitera pas le recours aux freins de service (au demeurant très satisfaisants). Les freins recèlent un seul piège, escamoté ici fort heureusement par la boîte automatique à convertisseur : l’aide au démarrage en côté (ou Hill holder) temporisé.

Le jeu des différences

La finition intérieure du DAF XB est très bonne et, si l’on reconnaît bien l’origine de la cabine (fournie par l’usine Renault Trucks de Blainville-sur-Orne) l’ambiance est plus cossue qu’à bord de ses cousins « continentaux » Renault D ou Volvo FL. Cela tient, entre autres, à la qualité des sièges, spécifiques à DAF.  L’afficheur central tout numérique ne dépaysera pas les utilisateurs des DAF XD ou XF contemporains. On regrettera l’absence d’informations sur l’état de santé de la mécanique (température de liquide de refroidissement ou d’huile moteur) que se soit en lecture directe (la jauge à carburant est d’ailleurs peu évidente à lire) ou via l’ordinateur de bord. La désactivation des gadgets imposés par GSR-II passe par les menus accessibles via les boutons sur les branches du volant. Une fois assimilé le cheminement pour y accéder, cela se fait facilement mais comme demandé par la règlementation, il fait le refaire à chaque mise sous contact.

Le moteur PX-5 trahit bien par son staccato son caractère roturier de 4 cylindres mais le volume sonore est correct. Dans cette variante de puissance (208ch à 2300tr/mn) et de couple (795Nm entre 1300 et 1600tr/mn) il s’entend très bien avec la boîte ZF 8AP800 avec 8ème surmultipliée. La boîte automatique offre un agrément évident en manœuvres grâce à sa faculté à ramper. Le paramétrage de celle-ci fait que le moteur n’hésite pas à chercher la limite supérieure des régimes de couple ce qui lui permet de ne pas subir les montées, même en charge. On finit très vite à appeler les rapports au pied, ce qui est heureux car les commandes de la boîte sont actionnées par des boutons sur le plancher ce qui est quelque peu déconcertant. Cette stratégie de passage des rapports de boîte influe favorablement sur le ressenti dynamique comme sur l’insonorisation. L’excellence de la finition se mesure aussi à l’insonorisation de la cabine et du châssis. Aucun couinement ne se manifeste à bord. Il peut bénéficier d’une porte latérale entièrement vitrée commune avec le Renault D qui fait toujours référence en la matière. En effet, outre son champ de vision très ample, elle conserve la fonctionnalité de la vitre passager ouvrante. DAF est fier d’annoncer que son XB bénéficie du meilleur classement possible en vision directe selon la nomenclature de Transport for London. 

On peut également bénéficier d’une cabine profonde ou d’une variante cabine couchette sur tous les tonnages du DAF XB. La direction a visiblement fait l’objet de soins attentifs, le filtrage s’étant révélé excellent sur le parcours de découverte pourtant peu conciliant. Le tarage de l’assistance est juste parfait, on a envie de dire « ne changez rien ». DAF annonce que ses équipes à Eindhoven et Leyland ont optimisé le rayon de braquage avec des angles portés à 56° pour les montes en 17.5 pouces. On apprécie l’accessibilité, excellente du fait de la marche unique et d’un seuil d’accès bas sur cette variante DAF XB 210 FA de 12t de PTAC chaussée en 245/70 R 17.5. Un confort précieux pour les livreurs ou les personnes souffrant de handicap.

Le confort était évidemment accru par la présence d’options « stratégiques » : suspension arrière pneumatique, boîte automatique ZF PowerLine, sièges suspendus, volant cuir (avec airbag et prétensionneurs de ceintures  s’il vous plaît), feux de brouillard avec fonction d’éclairage en virages, climatisation et pare-brise chauffant. Seul détail faisant vraiment tache : le support du radar de détection d’angle mort côté droit, qui fait vraiment bricolage et surexpose celui-ci aux nombreux potelets et autres obstacles urbains. Face à un Renault Trucks D en voie de banalisation (le dernier remodelage de cet été a fait un clone quasi parfait du Volvo FL) le DAF XB a des arguments à faire valoir, bien au-delà du cercle initié des carrossiers. Reste la question du prix : le Brexit ayant joué en la matière un bien vilain tour aux productions de l’usine de Leyland.

[1] BOM Bennes à ordures ménagères

En savoir plus en photos

Image 1 parmi 10