Alors que la conférence “Ambition France Transports” s’apprête à ouvrir ses débats sur les modes de financement des infrastructures, une déclaration du patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, jette de l’huile sur le feu. Invité ce mercredi 21 mai sur le plateau de BFMTV, il a relancé l’idée controversée d’une écotaxe ciblant les poids lourds, notamment étrangers.
Dans un communiqué commun, les fédérations professionnelles (FNTR, TLF, OTRE) s’interrogent et répondent : « Le vrai objectif de cette sortie ? Remettre sur la table, en douceur, un projet d’écotaxe généralisée. Nous n’en voulons pas. » Elles ajoutent : « Le développement du fret ferroviaire ne se fera pas contre le transport routier, mais avec lui. La seule filière ferroviaire en croissance aujourd’hui est le transport combiné, qui repose précisément sur une articulation entre rail et route. »
Les camions étrangers ciblés
« La France est un grand pays de transit. Ces camions nous traversent sans faire le plein chez nous. On n’a que les nuisances : ils polluent, ils défoncent les routes. Il n’est pas anormal que lorsqu’on pollue, on contribue à financer des modes de transport non polluants comme le ferroviaire », a déclaré Jean-Pierre Farandou.
Des propos qui ont immédiatement fait réagir les professionnels du transport routier. En première ligne, Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE dénonce une proposition inapplicable et injuste.
« Jean-Pierre Farandou prône le retour des écotaxes PL en ciblant les étrangers. Comment peut-il ignorer que la réglementation européenne interdit de cibler uniquement les poids lourds étrangers ? », s’interroge-t-il.
Double peine
Il rappelle également que les transporteurs français contribuent déjà de manière significative : « Depuis la suspension de l’écotaxe, une surtaxe de 4 centimes par litre de gazole est supportée par la profession, soit environ 600 millions d’euros par an. »
« Ce débat confine à la provocation pour notre secteur. Le transport routier de marchandises françaises a les marges les plus faibles d’Europe, du fait d’une fiscalité largement supérieure au reste de nos concurrents. Cela suffit ! » déclare Olivier Poncelet, délégué général de l’Union TLF. « Nous n’accepterons pas un euro de hausses sur les charges du secteur, qui contribue déjà deux fois plus en recettes que son poids dans l’usage sur les routes. Il faut au contraire alléger nos charges pour redonner de la compétitivité aux transporteurs français. »
Le débat sur la fiscalité écologique dans le transport routier, déjà sensible, s’invite donc à nouveau dans l’actualité à la veille de discussions cruciales pour l’avenir des infrastructures de mobilité en France. Un timing qui n’est pas sans conséquences pour un secteur déjà sous pression.
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