Le jeu de la vérité
Belle affluence et invités européens de marque se sont suivis lors de cette 3ème édition des Rencontres de la filière du Véhicule Industriel 2024 à Lyon hier soir. Toute la filière européenne du Véhicule Industriel était présente au MatMut Gerland. Le représentant de Bruxelles a confirmé que la position de la Commission européenne n’est pas de revenir sur les dispositions CO2 poids lourds pour l’instant. Il faut attendre la présidence polonaise à partir du 1er janvier. Le Prix de l’Homme de la Filière VI 2024 a été remis à Philippe Rosier, pdg de Symbio.
Retrouvez en vidéo les meilleurs moments des RENCONTRES DE LA FILIERE VI 2024, cliquez ici
Marc Mortureux, directeur génnéral de la PFA, a donné toutefois le ton en préambule des interventions politiques évoquant une « actualité très chargée et une rentrée difficile ». Il évoque également ce qui va constituer quasiment le fil rouge de l’après-midi parlant de la « nécessité de préserver une diversité d’approches énergétiques ».
Invoquer ce fait n‘est pas forcément passéiste, comme en témoignent les interventions de Philippe Rosier, PDG de Symbio, et de Philippe Boucly, président de France Hydrogène. Le premier annonçant une belle nouvelle avec la baisse significative du prix des piles à combustible « de 40kW, passant de plus de 50 000 € par système en 2019 à 10 000 € aujourd’hui. L’objectif étant d’atteindre les 5 000 € par pile en 2030 ».
Marc Lejeune, directeur de la Business Intelligence des nouvelles énergies Renault Trucks, a dû se sentir bien seul à défendre l’option du tout électrique, ne concédant qu’un rôle mineur à l’hydrogène et cela pas avant la fin de la décennie. S’il dit que « cela n’a pas de sens de faire une transition énergétique avec de l’hydrogène « gris », les intervenants suivants Erwin Penforms, vice-président de la branche mondiale Hydrogène Énergie Air Liquide, et Guirec Dufour, directeur général de QAIR, alertent sur le risque de dogmatisme « cette fermeture sur ce qui n‘est pas hydrogène « vert » survient peut-être trop tôt ».
Stéphane Espinasse, PDG d’Iveco France, rappelle toutefois « qu’il n’y a pas de transport bas carbone sans énergie bas carbone ». Richard Lecoupeau reprenant ce point dans son exposé signalant que le bilan CO2 d’un camion électrique en Pologne n’a rien à voir avec celui du même véhicule en France et que « l’empreinte carbone d’une batterie est très élevé ».
Hormis Renault Trucks, tous les représentants des constructeurs ont évoqué la place que tiendrait encore le moteur thermique. Ce qui ne veut pas dire que ce soient des moteurs à gazole. Harald Seidel de l’ACEA et Stefano Fedel, Executive Vice President, Head of Sales and Marketing Scaia, ont rappelé l’importance d’une offre multi-énergies correspondant également aux réalités des pays. Stefano Fedel évoquant les 50% de part de marché en neuf des camions de distribution à batteries en Norvège ou Suède. Il y a d’autres pays qui auront besoin de moteurs thermiques pour encore 20 ou 30 ans. Dans ceux-ci, la priorité devrait porter sur le renouvellement des parcs en Euro VI.
Une ouverture technique qui n’a pas échappé à Florence Dupasquier, présidente de la Commission Europe et International de la FNTR et CEO GROUPE SAMAT : « j’entends à ces Rencontres 2024, et c’est nouveau, le retour du moteur thermique ». Pour Stefano Fedel et l’ACEA, le sujet ce sont les infrastructures pour les véhicules électriques et hydrogène : « Nous avons un exemple concret avec Milence : dans un pays cela peut prendre 2 ans pour obtenir toutes les autorisations, et malgré cela le réseau électrique n’est pas prêt ».

Vent glacial de Bruxelles
Jean-Louis Colson, Chef d’unité à la Direction Générale de la Mobilité et des Transports, DG MOVE, de la Commission Européenne, a suscité quelques réactions dans la salle lorsque la question d’une éventuelle révision des objectifs CO2 est évoquée. « Non, on ne change rien ». Il enfonce le clou suite à une question de Damien Destremeau : « Pour l’instant, la position de la Commission c’est n’est pas revenir sur les dispositions CO2 ».
La question de Benoit Domingos de la direction des marchés de GRDF, sur les analyses de cycle de vie des différentes énergies, suscite une réponse tout aussi obtuse : « Ces carburants alternatifs n’ont pas été jugés assez performants pour la décarbonation. On a tout misé sur l’électrique et l’hydrogène ».
Une ligne de fracture apparaît entre la position de la CSIAM représentée par Athina Argyriou et Damien Destremeau, PDG de The Reefer Groupe : la première se veut légitimiste quand le second dénonce des critères irréalistes et injustes. « La remoque est toujours oubliée sauf quand elle est, comme maintenant sur le devant de la scène avec Vecto ». Le menace d’une imputation sur les factures des clients des amendes potentiellement infligées aux carrossiers est clairement évoquée.
Florence Dupasquier, présidente de la Commission Europe et International de la FNTR et CEO GROUPE SAMAT, déplore que le retour des véhicules dans leur pays après 8 semaines de cabotage ait été invalidée par la cour de justice européene.
Jean-Louis Colson clôt le débat : « La décision est définitive et il n’y a pas d’appel possible sur cette décision ». Retour à la case « prochaine mandature » de la Commission pour voir si une réecriture du texte litigieux peut être envisagée ».
Douche froide encore lorsqu’est évoquée la révision de la Directive poids et dimensions. Rien ne devrait se faire tant que la présidence du Conseil des ministres restera sous pavillon Hongrois. Rendez-vous en 2025 pour espérer voir le sujet remis à l’ordre du jour sous la présidence de la Pologne.
Quelques indiscrétions pour Solutrans 2025
On apprend que Hyundai pourrait participer à Solutrans 2025 avec des applications dédiées à la collecte des déchets. Patrick Cholton évoque parmi l’ordre du jour de 2025 les discussions avec le Ministère de l’intérieur et celui des transports pour définir administrativement les vélos cargos, qui verront leur espace d’essais agrandi sur Solutrans. Le salon revenant à la nocturne le jeudi jusqu’à 22h. Une année symbolique puisque cela correspond aux 180 ans de la FFC.
Comme pour boucler la boucle avec les sujets de l’après-midi, il a été annoncé que l’OICA ferait une conférence présentant l’essentiel des différentes réglementations des véhicules industriels dans les grandes aires géographiques mondiales. Toujours en écho au sujet de la révision de la Directive poids et dimensions, il a été malicieusement rappelé que la FFC avait fait la promotion des 25,25m dès l’édition 2007 de Solutrans, à l’époque via le constructeur-carrossier Samro.
Belle affluence et invités européens de marque se sont suivis lors de cette 3ème édition des Rencontres de la filière du Véhicule Industriel 2024 à Lyon hier soir. Toute la filière européenne VI était présente au MatMut Gerland. Le représentant de Bruxelles a confirmé que la position de la Commission européenne n’est pas de revenir sur les dispositions CO2 poids lourds pour l’instant. Il faut attendre la présidence polonaise à partir du 1er janvier.
Ça peut (aussi) vous intéresser
- Immatriculations VI : net rebond des tracteurs sur le marché du neuf - 6 novembre 2025
- La 1ère marque d’autobus électriques immatriculée en Europe est chinoise - 6 novembre 2025
- Le transport exceptionnel d’éoliennes - 5 novembre 2025
