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Ambition France Transports-financement infrastructures : le transport routier refuse d’être la vache à lait

François Bayrou a officiellement lancé ce lundi 4 mai à Marseille la conférence de financement des infrastructures de transport, baptisée Ambition France Transports. Objectif affiché : poser les bases d’un nouveau modèle économique durable et crédible pour financer les infrastructures de mobilité à l’horizon 2040. Les conclusions de cette concertation sont attendues pour fin juillet. Le secteur du transport routier de marchandises prévient : pas question qu’elle paie la facture. 

Une démarche collective pour prioriser les investissements

Comme l’a souligné le Premier ministre, sans avancer de mesure concrète, il s’agit avant tout de “prendre le temps de regarder si les projets existants sont nécessaires et identifier les leviers pour les financer de manière soutenable”.

Pour ce faire, plus de 30 experts issus de l’État, des collectivités, des entreprises, du monde associatif et des transports se réuniront autour de Dominique Bussereau, ancien secrétaire d’État aux Transports. Leurs travaux seront répartis dans quatre ateliers thématiques :

  • Le modèle économique des autorités organisatrices de la mobilité et les Services express régionaux métropolitains (SERM)
  • Le financement des infrastructures routières
  • Le service ferroviaire de voyageurs
  • Le report modal et le transport de marchandises

Une journée d’étude au Conseil économique, social et environnemental (CESE) est prévue le 20 mai, avec la participation de la société civile et des syndicats.

Les positions du secteur routier déjà sur la table

L’OTRE a d’ores et déjà dévoilé ses 12 propositions, affirmant son opposition à toute nouvelle fiscalité qui viendrait «fragiliser davantage un secteur déjà en tension. Parmi ses revendications :

  • Mieux flécher les recettes issues des taxes routières vers l’entretien et le développement du réseau,
  • Créer une contribution économique et écologique à destination des donneurs d’ordre,
  • Interdire la mention “livraison gratuite”, afin de responsabiliser le consommateur sur l’impact des livraisons.

Elle rappelle que le secteur contribue déjà largement via la TSVR, la TICPE, les certificats d’immatriculation, ou encore la redevance domaniale sur les autoroutes.

Découvrir les 12 propositions de l’OTRE, cliquez ici

La FNTR, TLF, AUTF et France Logistique participeront également aux discussions du quatrième atelier.

Des enjeux budgétaires massifs

Le gouvernement reconnaît l’ampleur du défi : selon les chiffres fournis dans le dossier de présentation, le secteur des transports nécessitera entre 5 et 10 milliards d’euros supplémentaires par an d’ici 2030 pour réussir sa transition écologique.

François Bayrou a pointé une “opportunité sans précédent” : la fin des concessions autoroutières entre 2031 et 2036. Ces revenus pourraient alors être réorientés vers le financement de nouveaux projets.

Un report modal sous surveillance

Le 4e atelier, piloté par le député Gérard Leseul (PS, Seine-Maritime), portera explicitement sur le report modal du transport de marchandises. L’ambition gouvernementale est claire : favoriser le transfert de la route vers le rail et les voies fluviales.

Toutefois, le sujet sensible d’une possible écotaxe généralisée, bien que non assumé officiellement, reste en toile de fond. Comme nous l’indiquions sur TRM24, François Bayrou, prudent, n’a pas souhaité se prononcer, mais un conseiller confirme : “le sujet pourrait être abordé lors des débats”.

De son côté, selon nos informations, Philippe Tabarot, ministre des Transports, ne prévoit pas de relancer ni l’écotaxe, ni la suppression du remboursement partiel de la TICPE, deux points de crispation pour les transporteurs. « Cette conférence n’est pas un nouveau concours Lépine de la nouvelle meilleure taxe » a déclaré le ministre lors de son discours.